jeudi 18 novembre 2010

Communiqué de presse (2010)


ERRATUM : LUNDI 22 NOVEMBRE à 17H30 et PAS 20H.


Parmi ces personnes, qui ne dispose pas de la liberté d’expression ?

a - Les surveillants de prison
b - Les personnes incarcérées
c - Les proches d’une personne incarcérée




Réponse : Toutes les réponses sont justes.




Communiqué de presse :

Prison : la dernière grande muette ?

Si la peine de prison emporte privation de la liberté d’aller et de venir, elle n’affecte pas, en
principe, la liberté d’expression. Pourtant, même si l’interdiction de parler n’y est plus en
vigueur, la prison réduit encore au silence celles et ceux qu’elle enferme.
La liberté
d’expression, droit fondamental reconnu comme tel par la Constitution française et la Cour
européenne des droits de l’Homme, fait parfois pâle figure derrière les murs des
établissements pénitentiaires. Absence de droit d’association, difficultés pratiques à mettre
en œuvre le droit de vote, limitations des correspondances écrites et téléphoniques,
interdiction de signer la moindre pétition… Si de timides progrès ont été posés à l’état de
principe par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, un mutisme contraint frappe encore
les « usagers du service public pénitentiaire ».
Contre tout espoir, ces nouvelles dispositions
législatives, en effet, ne se conforment même pas à la règle pénitentiaire européenne n°50,
qui préconise de « donner la possibilité aux personnes détenues de discuter ensemble de
questions relatives à leurs conditions et d'en faire part aux autorités pénitentiaires ». Pour les
dizaines de milliers de personnes prévenues ou condamnées qui se trouvent actuellement
derrière les barreaux, cette absence de prise de parole mène, parfois, à des conflits très
violents. Une bonne partie de ces incidents auraient pu être évités si des espaces de parole
avaient été aménagés.
La loi contrôle strictement les transmissions d’informations entre l’intérieur et l’extérieur.
Quand elle parvient à franchir les murs, illégalement ou après une libération, la parole des
personnes détenues est presque systématiquement disqualifiée par le caractère stigmatisant
de la sanction pénale. Souvent, aujourd’hui, c’est grâce à la caution morale que représentent
certaines personnalités ou certaines associations que la voix des personnes incarcérées et
de leurs familles parvient péniblement à se faire entendre dans l’espace public. Mais ces «
porte-paroles » ne déforment-ils pas les voix dont ils se disent la bouche ?
Le Groupe national de concertation prison a choisi cette année de mettre en débat
l’expression individuelle et collective des personnes incarcérées et de leurs familles. La
nouvelle loi pénitentiaire prévoit, certes, une petite ouverture, notamment, en donnant à
toutes les personnes détenues la possibilité de téléphoner, au moins à leurs proches, si elles
en ont les moyens. Mais pourquoi maintenir cette interdiction de s’exprimer publiquement,
individuellement ou collectivement ? Des formes de consultation institutionnalisée existent déjà
au Canada, au Royaume-Uni, en Allemagne, … De fait, il s’établit toujours une forme de
dialogue entre les personnes incarcérées et le personnel pénitentiaire.
Alors pourquoi ne pas aller plus loin en proposant des espaces d’expression au sein
desquels chacun des acteurs du monde carcéral, à commencer par les personnes détenues,
pourrait participer de manière responsable et y être entendu ?

Convaincus qu’une liberté d’expression constructive et respectueuse constitue le fondement
de toute société démocratique, les groupes locaux de concertation prison s’efforceront,
durant la quatrième semaine du mois de novembre, partout en France, de placer au cœur du
débat public ce qui retient encore prisonnière la parole des hommes, des femmes et des
enfants incarcérés et de leurs familles.

La prison resterait-elle donc la dernière grande
muette ?

Aucun commentaire: