HARO SUR L'IPJ :
Habileté électoraliste, rhétorique populiste et arguments fallacieux :
réponse à un inquiétant triptyque.
À la veille de l'élection présidentielle, le GENEPI (Groupement Étudiant
National d'Enseignement aux Personnes Incarcérées) tient à manifester
son inquiétude face aux dérives accrues de l'Institut Pour la Justice
(IPJ). Si cet organisme n'a de prétendument scientifique que le nom, il
est en réalité une association, et c'est à ce même titre que nous
réagissons à leurs allégations. Lors de la création de l'IPJ, déjà, le
GENEPI avait dénoncé la « mauvaise foi » de l'association et ses « non-arguments ».
Depuis, l'IPJ n'a eu de cesse de distiller habilement son discours,
proposant un pacte pour la Justice ayant obtenu plus d'1,7 million de
signatures (si l'on en croit le site qui lui est consacré), obtenant une
pleine page dans le quotidien Le Monde, et conviant notamment le chef
de l'Etat à une rencontre de grande ampleur le 31 mars dernier. Il
semblerait donc que, peu à peu, l'IPJ soit durablement parvenu à
s'immiscer dans le débat pénal. Et pourtant, le commerce de la terreur ne saurait se substituer à la justice.
Le GENEPI déplore en effet qu'au-delà des arguments énoncés dans la désormais tristement célèbre vidéo de Joël CENSIER, visionnée plus de 3 millions de fois, et dont l'inexactitude factuelle et juridique a été démontrée à de nombreuses reprises, la conception de la justice proposée par l'IPJ soit résolument incompatible avec les principes qui l'ont pourtant fondée de manière durable en France. En établissant sa rhétorique frauduleuse et son marketing démagogique sur la large méconnaissance du système pénal français par les citoyens, l'IPJ met non seulement en péril la société et ses fondements, mais également le fonctionnement des associations qui, à l'instar du GENEPI, travaillent à informer régulièrement le public sur les questions juridiques, pénales et carcérales, et enfin, la légitimité de nombreux professionnels de la justice, comme le déplore le Syndicat de la Magistrature.
Le GENEPI joint ainsi sa voix pour s'élever contre l'aspiration à une politique pénale qui fragilise jusqu'à la Constitution, en proposant des mesures inquiétantes et en prônant l'exclusion des délinquants et criminels par l'incarcération à tout va. C'est notamment à ce titre que, durant son allocution auprès des membres de l'IPJ, Nicolas Sarkozy a évoqué l'extension des peines planchers aux réitérants, quelle que soit l'infraction commise, ou encore l'enfermement à perpétuité pour les criminels sexuels, mais aussi le versement de 10 % de la rémunération, pour les condamnés qui travaillent, afin d'indemniser les victimes.
Ces promesses de réformes font fi de la précarité patente dans laquelle les personnes incarcérées se trouvent en prison, pour lui préférer la dangerosité prétendue - car par définition, elle ne pourra jamais être autre - des personnes détenues. Il ne s'agit donc plus de faire de l'enfermement une exception, mais bel et bien d'incarcérer à outrance, en occultant des principes constitutionnels, et dans l'impossibilité d'évaluer le danger qu'une personne pourrait représenter. À ce titre, le GENEPI persiste à dénoncer la vacuité et le caractère arbitraire de toute décision visant à maintenir quelqu'un privé de liberté au seul motif de sa dangerosité. Car si l'IPJ fait de la « mission première » de la justice la « protection des citoyens », il est nécessaire de souligner le grave anachronisme ici à l’œuvre. La justice doit en effet jouer son rôle une fois les délits ou les crimes commis, mais ne peut en aucun cas se targuer de les prophétiser.
À renforts d'arguments populistes, et en prônant l'exclusion, par et pour la société, de certains de ses membres, l'IPJ se trompe de combat. Si la place de la victime n'est bien entendu pas à nier dans le cadre d'une procédure pénale et de ses conséquences, il est nécessaire de dépasser des dichotomies éculées et stériles, qui mènent à faire du délinquant ou du criminel la cible d'un acharnement de principe, et des victimes les auteurs d'un jugement subjectif, voire passionnel. La justice ne saurait devenir une curée populiste dont opportunistes politiques et institutions fallacieuses viendraient allègrement se repaître. Le GENEPI dénonce l'élaboration d'un système social qui prônerait l'exclusion définitive de certains de ses membres. Ainsi, si l'on peut concéder à l'IPJ son aspiration à une justice humanisée et humaniste, en aucun cas il ne devrait se permettre, pour cela, d'exacerber la peur des citoyens ou de prôner l'instrumentalisation pernicieuse et l'usage dévoyé de faits divers. C'est notamment à cet effet que chaque semaine, les membres du GENEPI interviennent en prison auprès des hommes, des femmes et des enfants détenus, pour lutter contre leur exclusion, et leur permettre de revendiquer la place qui leur est due au sein de notre société.
Si l'IPJ, malgré ses rencontres répétées avec Michel MERCIER, Nicolas DUPONT-AIGNAN, et récemment Nicolas SARKOZY, s'affirme « apolitique », le GENEPI, quant à lui, se revendique résolument « sans affiliation politique », et c'est en ce sens qu'il souhaite inviter les membres de la société française à accroître leur vigilance. En cette période d'élection présidentielle, il est désormais nécessaire que chaque citoyen se dresse face aux instigateurs de terreur et aux habiles rhéteurs électoralistes.
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