Parce que la sureté est un droit pour tous :
« We are all Aurore Martin » !
L’arrestation et la remise aux autorités espagnoles de la
militante basque Aurore Martin, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen
depuis deux ans, fera date : il est désormais admis qu’un militant
politique peut être livré à un autre pays européen pour ce qui, en France, ne
constitue rien d’autre qu’un délit d’opinion. Devant cette atteinte grave aux
droits et aux libertés publiques, le GENEPI demande à ce que l’élaboration
d’une véritable politique pénale européenne soit mise au cœur du débat public
ou tout bonnement abandonnée. Il en va du droit à la sureté de tous !
« Aurore Martin
sera-t-elle livrée pour ses idées ? » interrogeaient
Mathieu Bonduelle et Patrick Henriot du syndicat de la magistrature dans une
tribune publiée en juin 2011 dans Le monde.
C’est désormais chose faite : Aurore Martin, ressortissante française et
militante basque, a été arrêtée le jeudi 1er novembre et remise aux
autorités espagnoles pour son appartenance à Batasuna, un mouvement illégal en
Espagne mais totalement légal en France, et sa participation dans ce cadre à
des réunions politiques parfaitement conformes à la législation française.
Pour ce qui
s’apparente en France à un délit
d’opinion, Aurore Martin encourt douze
ans d'emprisonnement en Espagne ! Le GENEPI tient à rappeler qu’aux termes de l’article 7 de la Déclaration
des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 « nul
homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la
loi, et selon les formes qu'elle a prescrites » et « ceux qui sollicitent, expédient,
exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires doivent être punis ».
En acceptant de mettre à exécution un mandat d’arrêt européen lancé à
l’encontre d’une de nos concitoyennes pour des faits nullement répréhensibles
en France, c’est le droit de tous à la sureté et à la protection contre
l’arbitraire que nous venons de sacrifier sur l’autel de la coopération
européenne en matière judiciaire.
Cette atteinte grave
aux droits et aux libertés publiques montre les limites de la politique pénale
européenne actuelle. Un
mandat d’arrêt européen ne devrait pouvoir prospérer qu’à la condition que les
faits reprochés par le pays émetteur soient également punissables dans le pays
d’origine. Or, ce principe de la double incrimination des faits reprochés
souffre aujourd’hui de nombreuses exceptions notamment en matière de
« terrorisme » qualification dont la définition est éminemment
politique. A ce compte-là, pour avoir écrit, parlé ou pensé, pourra-t-on demain
être traduit devant les autorités judiciaires d’un pays tiers si celui-ci
considère que l’usage que nous faisons de notre liberté d’expression est
« terroriste » ? La mise en place d’une véritable politique
pénale européenne supposerait également que les garanties procédurales en
matière pénale soient harmonisées d’un pays à l’autre et qu’une personne ne
puisse pas être remise à un pays tiers dès lors que des doutes existent sur la
manière dont elle y sera traitée, doutes qui, de l’avis de nombreuses ONG et de
la CEDH, peuvent-être permis chaque fois qu’un militant basque est remis aux
autorités espagnoles !
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