Mercredi 16 novembre, une jeune fille de 13 ans, Agnès Marin, disparaît dans le sud de l’auvergne. Son corps calciné est retrouvé dans une forêt le vendredi suivant. Le suspect, un jeune homme de 17 ans interne dans le même lycée, l’aurait violée et tuée. Il aurait ensuite brûlé son corps. Après avoir reconnu les faits, il a été incarcéré le samedi 19 novembre. Ce drame se trouve placé au cœur de la scène médiatique depuis une semaine et choque à juste titre les esprits par son caractère atroce.
Un cas hors normes
Quelle est la fréquence de tels actes ? D’après les statistiques de la police et de la justice, il y a eu en France en 2010, deux cas de meurtres de mineurs sur mineur. L’étude des viols jugés aux assises dans trois départements français durant les années 2000 montre par ailleurs que sur 425 viols, seuls deux ont été suivis de meurtre et seul l’un des deux a été perpétré par un mineur. Il n’existe donc qu’une seule situation semblable à celle qui vient d’arriver sur une période de presque dix ans et sur trois départements.
Un drame, une loi
Un amendement pour améliorer les conditions d’évaluation de la dangerosité des jeunes délinquants et rendre obligatoire le placement en centre éducatif fermé des auteurs de faits graves a été proposé en conseil des ministres ce mercredi. En réagissant par la voie législative à ce cas hors-normes, M. Mercier se livre à une pratique devenue courante pour les gardes des sceaux ces dernières années. En sept ans, cinq lois sur les criminels sexuels ont ainsi été adoptées suite à un fait divers tragique. Entre autre, l’adoption de la loi sur la rétention de sûreté après l’affaire Francis Evrard en 2007.
Répondre à l’émotion par l’émotion
Si l’émotion et la compassion déclenchées par ce drame nous semblent bien naturelles, l’emballement médiatique et la récupération politique de cette tragédie sont en revanche regrettables. Ces réactions excessives se concluent une fois de plus par la rédaction hâtive d’une loi qui n’empêchera jamais ce genre de drame de se renouveler. Illustratrice de la tendance actuelle au populisme pénal, cette loi répond d’avantage à une logique d’optimisation électorale de l’émotion collective, que d’une volonté sincère de changer les choses.
GENEPI Bordeaux, 26 novembre 2011
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