mercredi 26 décembre 2012

Le GENEPI Osny-Poissy soutient Philippe El Shennawy

 Pétition pour sa libération

 « Les étudiants du GENEPI soutiennent Philippe El Shennawy, condamné par la justice à une peine de mort qui ne dit pas son nom »

Communiqué de presse du Genepi Osny-Poissy




Visuel 1


Le GENEPI est une vieille association étudiante qui œuvre en faveur du décloisonnement des institutions carcérales : elle a maintenant trente-sept ans. Trente-sept ans, c'est le temps passé en détention par Monsieur Philippe El Shennawy. Nous, bénévoles du groupe Osny-Poissy qui intervenons chaque semaine à la Maison Centrale de Poissy, avons tous passé moins de temps sur terre que Philippe en prison.

Nous ne pouvons comprendre à quoi servent nos échanges avec les personnes incarcérées autour de projets que nous élaborons en commun si c'est pour ne pas laisser sortir les hommes et les femmes enfermés. Nous avons rencontré Philippe lors des échanges préliminaires à nos activités. Nous avons vu un homme fort qui malgré ses trente-sept années en détention, malgré le fait qu'il venait à peine de commencer à se réalimenter1, restait fort. Fort et usé. Usé par tant d'années d'enfermement, usé par les brimades subies pendant plus de deux tiers de son existence, usé par ces fouilles à nu répétitives, fouilles en raison desquelles la France a été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour traitement inhumain et dégradant en 2011 : trente-sept ans pour braquages commis à l'age de vingt ans, trente-sept ans pour une évasion de l’hôpital psychiatrique où il était sanglé et nourri par une sonde de médicaments et de bouillie, trente-sept ans pour le soupçon d’autres cambriolages qu'il aurait commis en liberté conditionnelle.

Mais cette usure a failli être cassure, car mercredi dernier, le Tribunal de l'application des peines de Versailles a estimé que le combat pour la liberté pourrait bien durer encore trois ans. Fin de peine éventuelle prévue : dans vingt ans. Cinquante-sept ans de détention. Une vie entière. Pour vol de billets de banque. Ne passez pas par la case départ, ne gagnez pas votre liberté. Mourez.

Dans la nuit, sans plus d'espoir, Philippe El Shennawy a fait une TS. Cet acronyme signifie tentative de suicide. Mais quand on dit TS, ça va plus vite et ça fait moins mal. On n'a plus le temps de tout dire, on n'a plus le temps de souffrir pour les autres, on n'a plus le temps d'amnistier... Philippe non plus n'a plus le temps, et son duel avec la liberté se transforme en combat contre la mort, dans l'indifférence la plus totale et douloureuse de la société, exprimée par la bouche tranchante de la loi.

Pourtant, c'est une peine de mort qui ne se présente pas comme telle. Une peine pourtant censée avoir disparu de notre Code de procédure pénale en 1981. Si elle a été abolie, c'est parce qu'on croit que le rôle d'un système punitif n'est pas d’exécuter mais de réinsérer. Or, le GENEPI estime que la réinsertion constitue une fin en soi, un devoir social dévolu à la puissance publique envers les individus qu'elle punit, indépendamment de toute autre considération.

Comment ne pas entendre la résonance de l'Appel des dix condamnés à perpétuité du centre pénitentiaire de Clairvaux qui martelaient en 2006 que les longues peines tuaient, et demandaient, pour leur liberté, le rétablissement de la peine de mort? Il y a sept ans dix détenus signaient l'appel ; mercredi soir, Philippe El Shennawy se l'appliquait. Il a voulu donner un sens à sa peine en lui donnant le nom qu'elle ne peut plus porter.

Refuser sa requête de grâce, c'est le condamner à une peine d'élimination, c'est admettre haut et fort que la société a échoué. Refuser sa grâce, c'est priver définitivement un homme de sa vie. Alors que la société la lui a déjà trop longtemps confisquée.

Nous lui apportons tout notre soutien.

Article du Figaro sur cette prise de position du Genepi
Article de Ouest France

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