lundi 30 janvier 2012

Communiqué : Joyeux anniversaire Guantanamo!



« 779 terroristes présumés sont passés par Guantanamo : huit y sont morts, uniquement six d’entre eux ont été jugés par des tribunaux militaires. »
Une prison au beau milieu des cocotiers

Cuba, son rhum, ses plages de sable blancs, ses voitures décapotables et…sa prison américaine. Les Etats-Unis louent à Cuba l’enclave de 116 km² en vertu d’un traité de 1903 signé par Théodore Roosevelt et T. Estrada Palma. Longtemps base militaire, Guantanamo a retrouvé une seconde vie avec Georges Bush qui a ordonné il y a dix an l’aménagement d’un centre de détention de haute sécurité pour les suspects capturés dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Castro a de quoi rugir depuis la Havane. Au bord de la mer de Caraïbes, cette installation militaire permet à l’armée et à la CIA de soustraire les détenus à la justice fédérale et de facto au droit international. Guantanamo n’est ni sur le territoire américain ni à Cuba, c’est une zone de non droit total permettant aux Etats-Unis de mépriser en tout impunité les droits de l’homme sans voir leur responsabilité engagée. Ainsi durant ces dix années, 779 suspects ont été détenus et soumis à des interrogatoires « musclés » dans le mépris complet des droits fondamentaux.

Des prisonniers en dehors de la loi

779 terroristes présumés sont passés par Guantanamo .Si huit y sont morts, uniquement six d’entre eux ont été jugés par des tribunaux militaires et 7 autres devraient être traduits devant ces tribunaux d'exception dans les prochains mois, dont le cerveau présumé des attentats du 11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed. Ainsi la majeure partie des détenus ont été transférés à l'étranger ou remis en liberté, faute de preuves. Pourtant, il reste 171 détenus à Guantanamo. Les détenus « ne sont ni prisonniers de guerre ni rien du tout […] Sans statut, sans nom ni étiquette », affirme Karen Greenberg, experte en terrorisme à la Fordham University. Ils sont amenés dans le « Camp Delta » la plupart du temps sans aucune preuve ou par des aveux prononcés suite à des interrogatoires souvent réalisés sous la torture, pratique pointée du doigt par Amnesty International dans son dernier rapport.

Obama, un homme passif face à Guantanamo ?

Si Obama avait promis le 22 janvier 2009 de fermer le centre de détention ce qui aurait marqué la rupture avec son prédécesseur, 171 détenus y sont toujours écroués. Malgré cette baisse significative (ils étaient auparavant 779), Obama a signé le 31 décembre dernier une loi sur le budget de la Défense, votée par le Congrès, qui empêche tout transfert de détenus de Guantanamo aux Etats-Unis, autorise les détentions illimitées sans procès et impose le recours aux tribunaux militaires pour la plupart des suspects de terrorisme. Il se plie par-là au refus du Congrès et de la population américaine de voir débarquer sur le sol des Etats-Unis les « ex terroristes » pour qu’ils soient jugés. Guantanamo n’est hélas pas la seule zone de non droit : en Afghanistan, les américains détiennent 600 détenus à la prison de Bagram sans qu’il soit possible pour eux de contester ensuite leur détention ou de se faire assister d’un avocat. En tant que première puissance mondiale, les Etats Unis et leur président, ayant pourtant reçu le prix Nobel de la Paix en 2010, devraient donner l’exemple et respecter eux même les droits de l’homme qu’ils entendent promouvoir et non renier les principes mêmes de leur Constitution.

Aucun commentaire: